
Voici l’histoire de Noël racontée avec mes minuscules santons en porcelaine, les fèves que j’ai découvertes au fil des années, grâce à la « galette des rois » partagée le 6 janvier, lors de la fête traditionnelle de l’Épiphanie.
Un homme dormait sous un arbre quand un brouhaha le réveilla. Il se leva et s’étira de tout son long. Il se tenait devant un attroupement inhabituel.
D’une voix de rogomme, il brailla:
— Mais qu’est-ce qui se passe ? On ne peut plus être tranquille pour faire la sieste ?
Un garde champêtre se tenait tout proche. Lui, en revanche, était bien réveillé. Un fusil à l’épaule, cet homme était prêt à faire régner l’ordre. Il sévissait contre le braconnage et se montrait impitoyable quand il croisait des malfrats de tout poil. Quand il désapprouvait le comportement d’un badaud qui lui paraissait louche, il n’était pas non plus du genre à laisser couler.
— Tais-toi, l’ivrogne ! Va cuver ton vin ailleurs !
Puis le garde champêtre s’approcha de la femme au fagot qui, comme son interlocuteur, connaissait bien le village et ses habitants.
— Alors, M’dam, nos compatriotes sont-ils en danger ? Est-ce une manif ?
— Je ne le crois pas.
— Bon. Tant mieux.
— Mais je ne sais pas exactement de quoi il s’agit. Je dois réussir à m’approcher, poursuivit-elle.
— Et moi, je dois enquêter, souligna-t-il, à l’intention de la femme. J’y vais donc de ce pas.
Un meunier, un sac de farine sur l’épaule interpella un tambourineur.
— Avez-vous une annonce publique à nous faire ?
— Je souhaiterais parler d’un événement à vous couper le souffle. Mais tout est trop calme pour que je puisse y croire. Il paraît qu’un bébé est né. Oui et alors ? Je dois investiguer.
Un étranger vêtu d’une toge écoutait attentivement un berger. D’une voix sonore, ce dernier racontait à tous les passants que ses amis et lui avaient vu des anges pendant la nuit. Ce sont eux qui les ont invités à quitter les champs pour Bethléhem. Ils devaient y rencontrer un nouveau-né différent des autres.
Un homme assis sur un âne parvint à se frayer un chemin plus facilement que les autres. Quelle ne fut pas sa stupéfaction quand il vit des mages, des sages venant de l’Orient, qui étaient arrivés sur le lieu de la naissance, conduits par une étoile. Ils apportèrent trois cadeaux de grand prix à l’enfant et se prosternèrent devant lui. Celui-ci était couché dans une crèche, et bien entouré par ses parents. Quel spectacle impressionnant ! Comme les bergers, ils avaient été divinement avertis de cette naissance exceptionnelle.
Nombreux sont ceux qui se présentèrent aussi avec des cadeaux. Le boulanger, par exemple, le sourire aux lèvres, s’approcha du petit enfant avec un gros sac de farine sur l’épaule. Au fond de son cœur, il fut convaincu, ce jour-là, qu’il vivait une expérience unique.
La foule s’approcha de l’enfant. Les anges étaient là pour le protéger. Le garde champêtre devait le sentir parce que, étonnamment, il ne s’inquiétait pas pour le bambin et ses parents.
— Quel est le nom de ce fils ? demanda-t-il à ceux qui l’entouraient.
— Il s’appelle Jésus, affirma l’ivrogne qui souriait.
— Te revoilà donc, mon gaillard ! Comment le sais-tu ?
— Je l’ai demandé à Marie, sa mère. Elle m’a dit que sa naissance à Bethléhem avait déjà été annoncée, il y a des centaines d’années.
— Chut ! leur répondit la femme au fagot, d’une voix douce et tendre, en regardant l’enfant. Ne le réveillez pas !
— Et moi qui aimerais tambouriner pour annoncer le scoop ! s’exclama l’homme au tambour. M’en voilà bien privé.
— Profitez plutôt du moment présent, lui dit la femme. Le petiot mérite toute notre attention.
— Oui, prenez plutôt le temps de le connaître, avant d’annoncer n’importe quoi au peuple à son sujet ! surenchérit le meunier.
Le tambourineur aurait tant voulu faire sensation, tout de suite. Il se parla à lui-même, à voix haute.
— Des mages qui ne sont pas radins avec un gosse qui est né dans une étable, ça décoiffe ! Quelque chose m’échappe, mais quoi ?
S’il prend son rôle au sérieux, cet homme se chargera de transmettre une bonne nouvelle à ses compatriotes.
Quant aux mages, ils étaient déjà acquis à la cause de l’enfant et parleront de leur voyage loin à la ronde. Dans le cas contraire, ils n’auraient assurément pas offerts des présents dignes d’un grand roi au bambin.
Je souhaite à chacun un très Joyeux Noël et une année 2022 remplie d’espérance pour le meilleur.
Amitiés.
Pierrette
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